mercredi 31 juillet 2013

L'appareil humain

En 2000 étaient sortis deux films majeurs : Yi Yi, du Taïwanais Edward Yang (Prix de la mise en scène à Cannes), et Magnolia, de l'Américain Paul Thomas Anderson (Ours d'or à Berlin). Tous deux brossaient, à travers une constellation très riche et construite de personnages, pas tant une histoire au sens d'une intrigue, qu'une vision de la vie.

Vision, y compris d'ailleurs au sens propre du terme, puisqu'entre le petit Yi Yi qui n'a de cesse de photographier la nuque des gens et les personnages de Magnolia dont le dénominateur commun est de graviter autour d'un jeu télévisé et de passer de part et d'autre du petit écran, c'est bien la question du regard qui est, dans ces deux films jumeaux, le point nodal. Films mosaïques qui s'inscrivent sur plusieurs générations, ils posent, chacun à sa façon, la question du destin individuel au sein d'une communauté. A la manière des figures à deviner dans le motif des kaléidoscopes, ils nous proposent de reconstituer une image qui fasse sens parmi les morceaux disparates d'un miroir éclaté.


Cette année, un film vient leur tenir compagnie, dans un registre tout à fait différent certes, mais travaillé par des questionnements analogues : il s'agit de La Grande Bellezza, de Paolo Sorrentino.

Tout le film suit le regard porté par son héros, Jep Gambardella, à la fois sur ses contemporains, sur sa propre histoire - et notamment sa jeunesse - et sur Rome - et les beautes qu'elle recele. De ce point de vue du héros-caméra, de ce certain regard, se détache peu à peu, de plus en plus précise au fur et à mesure que se déploie la spirale du film, une leçon de vie - on ne dira pas laquelle, mais il est évident qu'elle a à voir avec le roman qu'a publié Jep quelques décennies plus tôt, et qu'il avait intitulé L'Appareil humain - et avec la "grande beauté" évoquée par le titre.

Des films d'anthologie - puisque d'ontologie - aux images inoubliables, qui savent autant s'appuyer sur une direction d'acteurs impeccable que faire surgir le monde animal (grenouilles, girafe et flamants roses...), et donnent au cinéma ses lettres de noblesse : dire l'appareil humain dans sa confrontation au monde, aux autres et à lui-même, avec une caméra boîte-à-images.

Trois films qui n'oublient pas pour autant que le cinéma, comme le disait Godard, se "voit" aussi par les oreilles : de la fameuse séquence de la Sonate au Clair de Lune de Yi Yi aux cantates d'Arvo Pärt de La Grande Bellezza, en passant par le poignant Save me de Magnolia, les musiques ont leur mot à dire.

A voir d'urgence (pour le Sorrentino... encore quelques séances à Paris), ou à revoir pour les deux autres. Les trois bandes-annonces sont proposées dans les liens ci-dessous :

> bande annonce La Grande Bellezza
> bande annonce Yi Yi
> bande annonce Magnolia

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mercredi 24 juillet 2013

Trois haïkus sur le ginkgo


Après les pommes il y a deux ans, voici trois haïkus sur le ginkgo. Il s'agit d'un échantillon sur un parcours de vingt contes botaniques qui verra le jour d'ici un mois en Touraine - au domaine de Candé, au bord de l'Indre : + d'infos à l'automne !


Ginkgo
Qu'elles brillent dans le vent
Tes mille pièces d'or !

Pas d'autre bruit
Dans le tendre feuillage
Que la pluie d'été




Combien de fois, Ginkgo
As-tu entendu
Coasser les grenouilles ?


D'ici là, bon été à tou(te)s !

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